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La
non solution de Sarkozy
Communiqué
du 25 septembre 2002
Dans un contexte européen focalisé sur la lutte contre
l’immigration clandestine, les ministres de l’intérieur
français et britannique se rencontrent une nouvelle fois
au sujet du centre de Sangatte, dont ils avaient annoncé
en juillet la fermeture prochaine. Cette fois, ils vont associer
leur homologue belge à leurs travaux.
Comme si Sangatte était une cause et pas seulement le symptôme
des dysfonctionnements des politiques d’asile et d’immigration
en Europe, les seules solutions qui sont proposées sont la
fermeture du centre, le renforcement des mesures de sécurité
et le retour des Afghans vers leurs pays. Mais rien n’a été
fait, en France, pour améliorer les conditions d’accueil
des demandeurs d’asile, qui se dégradent depuis plusieurs
années. Et le « partage des responsabilités
» entre les deux pays, évoqué en juillet, ne
s’est traduit que par l’envoi de policiers britanniques
sur le sol français.
Le traitement de la question de Sangatte comme cause s’inscrit
dans une régression du droit d’asile : au Royaume-Uni,
on a déjà supprimé le droit au travail pour
les demandeurs d’asile et on nie la potentielle qualité
de réfugié à des personnes qui ont fui des
zones de conflit … En outre, comme nos associations l’avaient
redouté, l’annonce de la fermeture de Sangatte et le
renforcement des contrôles ont provoqué la dispersion
de nombre de réfugiés vers d’autres ports, français
et belges.
Alors que les deux principales populations présentes à
Sangatte, les Kurdes et les Afghans, sont issues de zones de conflit
encore instables, le dispositif annoncé semble avoir pour
objectif essentiel le renvoi au pays. Pour les Afghans, des programmes
de retour volontaire « ou non » vont être mis
en place dans le cadre d’un accord tripartite (France, Afghanistan,
Haut Commissariat pour les Réfugiés).
Bientôt, dit le ministre de l’Intérieur français,
on va identifier (avec l’aide du HCR ?) les personnes présentes
à Sangatte, les « badger » pour les reconnaître
et leur proposer des solutions de retour « volontaire contraint
».. Quid des demandes d’asile ? Quid des personnes qui
ne veulent ou ne peuvent retourner dans leur pays d’origine
? Quid des personnes qui ont des liens familiaux ou culturels avec
le Royaume-Uni ?
Les associations soussignées de la CFDA, qui ont mis en garde
les autorités, dès le mois de juillet, contre «
les risques d’une solution à courte vue », rappellent
leur opposition à la fermeture de Sangatte si parallèlement
les moyens ne sont pas cherchés, en France, notamment pour
augmenter substantiellement la capacité d’hébergement
pour garantir une meilleure protection, et au niveau européen,
pour que le « phénomène Sangatte » ne
se multiplie pas partout. Ces moyens passent notamment par l’adoption,
par l’Union européenne, de règles simples en
matière de procédures de demandes d’asile, qui
permettent à toutes les personnes désireuses de réclamer
la protection de la Convention de Genève de déposer
leur demande dans n’importe quel pays de l’Union.
Les associations soussignées de la CFDA refusent qu’au
nom de la lutte contre l’immigration clandestine, la France
et l’Europe remettent en cause, chaque jour un peu plus, leurs
engagements internationaux en matière de protection des réfugiés
et des droits de l’homme.
Contact : Claire Rodier 06 76 84 57 39, Patrick Delouvin 06 20 45
86 84, Catherine Teule 06 83 18 80 00
Sont
signataires les associations suivantes, membres de la CFDA :
ACAT - Amnesty International – APSR - Cimade – Comede
– Forum Réfugiés
Gisti - Ligue des Droits de l’Homme - Association Primo Levi
- SNPM
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